Introduction

Le mot est familier, on le rencontre dans nos journaux, sur nos écrans dans nos conversations, mais, si on y regarde de plus près, le « patrimoine », qu’est-ce que c’est, au juste ? La réponse la plus basique, celle qui vient immédiatement à l’esprit, c’est : « le patrimoine, c’est le passé ! ». C’est vrai… et ça ne l’est pas.

Le passé, c’est un phénomène physique, le simple constat de l’écoulement du temps. « Fugit irreparabile tempus » (devise souvent inscrite sur les cadrans solaires) disaient les Romains : « le temps s’enfuit irrémédiablement ». La preuve : à peine ai-je prononcé le premier mot de ma phrase qu’il appartient déjà au passé, il est fini. En poussant le raisonnement, on pourrait presque dire que le présent n’existe pas, qu’on peut le réduire quasiment l’infini. Mais n’allons pas trop loin…

Tout ce qui existe appartient au passé. Bon. Donc, tout est patrimoine ? Encore une fois, c’est vrai et ça ne l’est pas. Pour faire simple, on pourrait retenir l’idée que le patrimoine, c’est ce qui, après l’épreuve du temps, fait encore sens pour nous.

Un exemple : cette assiette de faïence de Moustiers, vieille de trois siècles, sa beauté, mais aussi rareté feront que nul ne contestera qu’elle appartienne à notre patrimoine artistique commun. Et ce petit marteau avec sa forme toute simple ? Mon arrière-grand-père, mon grand-père l’ont utilisé et moi, je m’en sers tous les jours. Patrimoine ? Bien sûr. Patrimoine familial ? Bien entendu ! Transmis, rôdé à l’épreuve du temps, il fait partie de mon patrimoine personnel.     

Mais les choses ne sont pas si tranchées entre « commun » et « personnel » … quelques pas sur l’un des innombrables vide-greniers ou l’une des brocantes qui fleurissent aux beaux jours nous prouvent immédiatement combien nous sommes attachés aux mille et une choses qui constituent notre patrimoine. Et c’est une chance que nous gardions cet attachement, c’est notre manière simple et spontanée de manifester notre respect, notre fidélité à ceux qui nous ont précédés. Et le droit d’espérer que, lorsque nous serons, à notre tour, le passé, quelque chose de nous survivra sur la longue route du temps.