"TOUJOURS PLUS HAUT"

LES CONSCRITS DE BARLIEU

Quel patrimoine nous ont transmis les Conscrits des temps passés ? De quels souvenirs notre association est-elle le « passeur » ? Et puis, au fait, que recouvre exactement le terme de « conscrit » ? Etymologiquement, le terme a une claire origine latine : cum / scribere : inscrire sur une liste (un « rôle »), donc « enrôler ». Sont donc « conscrits », dans le cas qui nous occupe, des jeunes gens enrôlés pour effectuer un temps de service militaire. Le critère de sélection étant, tout naturellement une même année de naissance. Le souvenir des conscrits de Barlieu est inscrit, d’abord, dans la collection de photos léguées à la commune par la famille Girard et, bien sûr, celles qu’on voudra bien nous confier pour compléter la chronologie. On les trouvera à la suite de ces quelques lignes de présentation. C’est aussi un objet remarquable : le drapeau que les jeunes gens arboraient en défilé. Le voici, tel qu’il a été soigneusement préservé et tel qu’on pourra l’admirer lors de chaque « Journée du Patrimoine ».

Drapeau-conscrits-Barlieu-1923.

 

       On pourra consulter, après la collection des photos des conscrits, une note documentaire sur l’aéroplane qui figure sur le drapeau.

Drapeau-conscrits-Barlieu-1923

            L’élégant cavalier qui caracole, prêt à faire feu, porte l’uniforme des Zouaves. Après la conquête de l’Algérie, débutée en 1830, cette unité d’infanterie fut créée en 1842 et initialement constituée par des « indigènes ». Rapidement, elle fut ouverte aux Européens qui fournirent rapidement l’essentiel des effectifs. On peut donc parfaitement imaginer que le personnage représenté évoque un Barlocien bien réel enrôlé dans l’Armée d’Afrique. L’artiste l’a campé dans une situation qui évoque cependant plus la « fantasia » d’une unité de cavalerie que celle d’un fantassin en opération. Néanmoins, il faut se rappeler qu’à cette époque, quelle que soit l’arme, les officiers étaient toujours à cheval.

            La date figurant sur le drapeau implique que les conscrits concernés, âgés de 20 ans, auraient donc été enrôlés … en 1943 ! Il y a donc là un point obscur sur lequel la mémoire des Anciens devra être sollicitée.

            Enfin, en observant les différentes photos des conscrits qu’il y a non pas un mais plusieurs drapeaux de conscrits. Pour l’instant, seul celui de 1923 est connu mais il en existe peut être d’autres, oubliés dans un coin de grenier … cherchons bien !

 

            On trouvera, après les archives photographiques des conscrits de Barlieu, une chronologie des modalités de la conscription depuis sa création.

LES ARCHIVES PHOTOGRAPHIQUES DES CONSCRITS DE BARLIEU

Conscrits-Barlieu-1888
1888

Eugène GIRARD (père)

Unique indication au dos du cliché.

 

Conscrits-Barlieu-1897

1897

Mary PARET

Autres personnages non identifiés.
Aucune indication sur les autres conscrits.

Conscrits-Baarlieu-1911

1911

 Alexandre RENARD(3° rang, dernier à droite)
François FOREST(2° rang, dernier à droite)
Isidore GUILLANEUF(Assis, milieu du rang ?)

conscrits-1916-Barlieu

1916

Léon RIMBAULT
Francis FOREST
Abel BEAUFILS
Robert CHOISEAU
Abel MENEAU

Conscrits-Barlieu-1923

1923

Eugène VANDART
André RAFFESTIN
Emile FAVARD
Henri LACOURT
Louis DOISNE
René DESMARET
André LAVEAU
Camille POUILLOT

Georges CAILLE
Camille CHEVERIAU
Edmond BOUCHET
Marcel HUET
Julien PLANSON
Roger CHOTARD
Kléber MENTHE
Jules VELLUE

Conscrits-Barlieu-1924

1924

François MORIN
Frère à Gabrielle Planson
Marcel GIRARD
Marcel RAIMBAULT
Oncle au scieur Gaston
Georges MONTAGU
Oncle à (Mme ?) Chigot des Muetz
Lucien RAIMBAULT
Père au Raoult
Armand LEGER
Boucher à Gien, fils de Mary Paret
Roger CHOTARD
Elevé avec la Louison de Sauldre

 

Raoul PARET
Fernand CHAMPION
Pierre ROY
A (est ?) le père de Jacqueline Raimbault de la Martinière
Henri PRIEUR
Habitait au rez-de-chaussée de Pierrot Rat, maison Blondeau
Raymond GIRARD
Fils à Bernadette ( ?)
André RAFESTIN
Frère au Mary
Marcel HUET
Oncle du Thiau de Fontbel, frère de leur mère
François FOREST
Grand-père à Christian (maire de Barlieu)

Conscrits-Barlieu-1925

1925

Maurice CARLOT
Achille RAT
André PILLARD
……..    DAVRY
Gaston AZAMBOURG
Maurice LAVEA

Lucien DESRIAUX
……….  LOISEAU
Joseph MIGEON
Hubert RAFFESTIN
Roger CHOTARD

Conscrits-Barlieu-1926

1926

Louis LEGER
Robert RAT
Henri PINSON
…      BECUAU

François FOREST
Eugène DEPARDIEU
Georges CHAMPION
Fernand DOISN

Conscrits-Barlieu-1927

1927

Camille MILLET
Mary RAFFESTIN
Robert DEPARDIEU
Hubert RAFFESTIN
Henri PUILLO

Paul ROY
Pierre MORIN
J
ules CORBORAN
Léon FRESNEAU
Fernand CHOLLET

1928

conscrits-Barlieu-1928

Paul TRANCHANT
Clément CHAMPION
Fernand DOISNE
Henri FRESNEAU
André MERCIE

 

 

Georges DEPARDIEU
Georges FOREST
Robert MILLET
François FOREST

conscrits-Barlieu-1929

1929

Marcel FRESNEAU
Pierre CHOLLET
Georges RIFFET
Abel CHOLLET
Lucien MORI

 

Lucien MANTHE
Fernand DOISNE
Georges BECUAU
André GIRARD
Arthur LOUP

conscrits-Barlie-1930

1930

…..     BECUAU
Gilbert HUET
René DESPONT
Bernard FAVARD
Henri DÉROUET
Gilbert RENARD
Marcel COCU

Fernand MILLET
Henri MILLET
Edmond AZAMBOURG
Marcel MOINDROT
Lucien CHESTIER
Henri POUILLOT

Conscrits-Barlieu-1933

1933

André PLANSON
André RENARD
Georges LEGRAS
Léonce CHEVALIER
Robert ARNOUX
Max MERCIER
Edmond VELLUET

Fernand MILLET
Marcel CHIGOT
Henri LASNE
Henri ALINE
Louis NIQUIS
Jean BERNARD

Conscrits-Barlieu-1935

1935

Albéric MATNET
……. RAFFESTIN
Paul DEPARDIEU
André TURPIN
Pierre CHOLLET
Paul RIMBAULT
Théophile LEBRAS

 

Pierre MOUTON
Maxime ROY
Arthur MARÉCHAL
Robert CHOLLET
André THIROT
Maurice THIAULT

Maurice THOMAS
Paul POUBEAU
Robert RIFFET
Gabriel SENÉE
Pierre CHEVALIER

Conscrits-Barlieu-Non daté

Non daté-
non renseigné

"TOUJOURS PLUS HAUT"

            Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, l’avion (l’« aéroplane », en terme d’époque) qui est représenté sous la fière devise des conscrits de Barlieu n’est pas une œuvre d’imagination. Il s’agit d’une image relativement fidèle d’un « DORAND AR 1 », avion biplan d’observation conçu par le lieutenant-colonel Emile Dorand et construit dans l’usine de Chalais-Meudon à partir de 1915.

            Il est propulsé par un moteur Renault à 8 cylindres en V de 200 CV à refroidissement liquide qui lui autorise une vitesse de 145 km/h. Il a un rayon d’action de 400 km et une autonomie de 3 heures. L’AR 1 a équipé 18 escadrilles d’observation sur les fronts de France, d’Italie et d’Orient.

            Son équipage est constitué de deux hommes : un pilote et un observateur tourné vers l’arrière de l’appareil avec mission d’observation directe ou de photographie du théâtre d’opérations.

            Appareil d’observation, certes, mais … qui s’y frotte s’y pique ! Le pilote dispose d’une mitrailleuse anglaise Vickers  (cal.303- 7,7mm) fixe tirant dans l’axe de l’avion et l’observateur d’une tourelle orientable équipée d’une ou deux mitrailleuses Lewis du même calibre.

            Le réalisme de l’image sur le drapeau s’explique par le fait que cet appareil a pu être vu fréquemment dans le ciel du Pays Fort puisqu’il en existait au Centre d’instruction d’Issoudun et que plusieurs étaient basés en 1918 sur l’aérodrome de Romorantin. Sans exclure l’idée qu’un Barlocien ait pu être enrôlé dans l’Armée de l’Air et avoir eu maintes occasions d’observer des AR 1 en vol ou au sol, voire de les photographier.

Fiche-tech-avion-AR1-Dorand
Drapeau-conscrits-Barlieu-1923-détail-avion-en-vol(typeA.R.1)

UNE ARMÉE DE CONSCRIPTION

            Sous l’Ancien régime, l’essentiel des troupes est constitué de soldats professionnels. C’est la Révolution qui introduit le concept de « citoyen-soldat » avec une conscription universelle et obligatoire de tous les Français de 20 à 25 ans (loi Jourdan-Delbrel).

            Napoléon crée, à partir de 1804, le « conseil de révision » et le tirage au sort des conscrits. Les plus fortunés peuvent, moyennant finance, payer un « remplaçant militaire ». Deux critères peuvent amener à être réformé : l’index droit coupé (inapte au tir) ou une mauvaise dentition (incapacité à déchirer les cartouches de poudre en papier).

            La loi de 1818, sous Louis XVIII, instaure le recrutement par engagement ou tirage au sort et maintient le droit au remplacement.

            1872 Le gouvernement Thiers décrète le service national obligatoire dont la durée varie de 6 mois à 5 ans, par tirage au sort.

            La loi de 1905 rétablit une égalité entre tous les hommes pour une durée de 2 ans.

En 1913, la loi Barthou étend cette durée à 3 ans. Après la Grande guerre, elle sera réduite à 1 an mais la guerre d’Algérie la fera revenir à 18 et finalement 30 mois.

            En 1963, le temps de service est ramené à 16 mois et le statut d’objecteur de conscience est accepté.

            1971 voit la création des Préparations militaires qui permettent aux jeunes gens d’effectuer leur temps de service dans l’arme de leur choix, avec un grade de sous-officier.

            Inspirée par Jacques Chirac, la loi du 28 octobre 1997 met fin définitivement à la conscription.